La Déclaration de l’Î.-P.-É. est une déclaration de la société civile qui sera créée lors du 6e Forum mondial sur la promotion de la santé, événement qui se tiendra à Charlottetown, à l’l’Île-du-Prince-Édouard, au Canada. Il s’agit d’un document évolutif qui sera mis à jour durant le Forum, par le biais de contributions provenant des délégués qui seront sur place et via les médias sociaux et le site web de l’événement. Nous vous invitons à participer à l’élaboration de la déclaration en ajoutant votre contribution dans la section « Commentaires », ci-dessous, en nous tweetant (@PEIDeclaration) ou par le biais d’un courriel à : peideclarationipe@gmail.com
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Déclaration sur la promotion de la santé
de l’Île-du-Prince-Édouard – Octobre 2016
Appel à l’action de Charlottetown :
Favoriser le développement durable par la promotion de la santé
version finale – le 18 octobre 2016
Nous, participants au sixième Forum mondial sur la promotion de la santé, tenu dans la ville de Charlottetown, à l’Île-du-Prince-Édouard, au Canada, faisons la déclaration qui suit sur la promotion de la santé en 2016. La présente déclaration s’adresse aux gouvernements et parties concernées qui se réuniront à Shanghai à l’occasion de la neuvième Conférence mondiale sur la promotion de la santé de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et se veut un outil de conception de programmes et de défense des droits et intérêts. Nous réitérons le rôle essentiel des organisations de la société civile (OSC) dans l’application des stratégies de promotion de la santé pour concrétiser les objectifs de développement durable (ODD) : les OSC sont des exécuteurs et des intermédiaires, ils favorisent ces stratégies de promotion de la santé, et leur mission est d’être la conscience des décideurs.
Le monde a changé depuis l’adoption de la Charte d’Ottawa en 1986. Trente ans plus tard, nous devons composer avec les changements climatiques, l’apparition de déterminants environnementaux de la santé, l’importance accrue des déterminants sociaux de la santé, la progression rapide des technologies, les problèmes de sécurité mondiale, l’impact des coupes budgétaires sur les populations dans des situations de vulnérabilité, les épidémies mondiales de maladies infectieuses, l’augmentation des maladies non transmissibles, les migrations mondiales et l’aggravation des inégalités à l’échelle globale et locale. En outre, nous reconnaissons la pertinence d’intégrer un corpus de données probantes dans notre travail, y compris les enseignements des cultures autochtones et des traditions. Ces visions plurielles du monde nous amènent à reconnaître l’importance d’un équilibre entre les aspects mentaux, psychosociaux, physiques, spirituels et affectifs de la santé et à comprendre la nécessité d’un lien étroit avec la terre et notre milieu social pour être en santé sur tous les plans.
Les ODD ont pris le relais des objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) comme références dans la coordination des mesures prises à l’échelle du globe. Mais les ODD ont leurs limites; ils ne tiennent pas compte du fait que le racisme est un facteur limitant et néglige également le rôle clé que la société civile joue dans la promotion de la santé, tant sur le plan individuel que mondial. Et pourtant, l’atteinte des ODD dépend des OSC et du rôle central qu’elles jouent dans la promotion de la santé.
Nous croyons que la promotion de la santé se révèle une approche efficace pour jouir d’une bonne santé et du mieux-être, car elle aborde l’inégalité et habilite tant les collectivités urbaines et rurales que les personnes. Grâce à la collaboration intersectorielle, la promotion de la santé a contribué à l’élimination des cloisonnements et propose davantage une approche holistique qui va au-delà d’un modèle purement médical. Nous devons envisager l’avenir en tenant compte des découvertes et percées scientifiques dans les domaines de la longévité, de l’épigénétique et des modes de vie sains.
Malgré tous les changements survenus depuis sa rédaction, la Charte d’Ottawa demeure une base solide sur laquelle nous nous appuyons. La promotion de la santé continue à encourager les professionnels du monde entier à œuvrer ensemble à changer les politiques et pratiques pour lutter contre les inégalités en santé. À cette fin, on retient les diverses stratégies de la Charte d’Ottawa pour gérer les aspects complexes.
1) Élaborer une politique publique saine – Cela a évolué à l’ensemble des actions de l’État et de la gouvernance du système de santé qui inclut la société civile au niveau national. Nous avons travaillé sur les mécanismes et traités pour résoudre les problèmes d’actions mondiales et internationales auxquels nous sommes confrontés, par exemple, dans les mouvements migratoires, les changements climatiques, les épidémies de maladies infectieuses, les inégalités sociales et de genre, et le commerce international afin de plaider pour un traité mondial pour la santé. Les promoteurs de santé utilisent la collaboration intersectorielle pour répondre à la complexité de ces questions émergentes. Cela serait renforcé par l’intégration de politiques horizontales et verticales entre les secteurs et tous les niveaux gouvernementaux. Les promoteurs et les OSC évoluant en santé doivent travailler à tous les niveaux politiques, du local au global. De l’élaboration d’une politique publique (1986) à une gouvernance de santé du local au global (2016)
2) Créer des milieux favorables – La nouvelle façon d’aborder les déterminants sociaux de la santé, y compris le genre, s’inscrit dans l’esprit de la Charte d’Ottawa, car elle tient compte des milieux sociaux et économiques, des environnements physiques et multiculturels, mais aussi des déterminants environnementaux de la santé. Les promoteurs de la santé œuvrent maintenant à l’élaboration de politiques et à la défense des droits et intérêts à l’échelle planétaire pour comprendre l’incidence de la colonisation sur les cultures et les écosystèmes. Les promoteurs de la santé s’intéressent entre autres aux méthodes de travail en milieu multiculturel dans la foulée des migrations et demandent davantage de solidarité sociale et écologique et d’inclusion sociale dans les sociétés. De la création de milieux favorables (1986) aux milieux multiculturels et écologiques (2016)
3) Renforcer l’action communautaire – Cette stratégie essentielle de promotion de la santé comprend l’engagement d’encourager les personnes et les collectivités urbaines et rurales à participer aux décisions qui influent sur leur santé à l’échelle locale et mondiale. L’engagement véritable signifie le partage des connaissances et du pouvoir.
Tout le monde est touché par les nouvelles technologies, qui peuvent permettre la participation de tous à l’élaboration de politiques et programmes qui réduisent les inégalités et améliorent la santé. Les promoteurs de la santé et les OSC ont indéniablement les compétences requises pour mettre en valeur le savoir-faire local, les collaborations intersectorielles, le développement communautaire, les processus participatifs et la création de lieux permettant aux OSC de se faire entendre à tous les niveaux et tenir les gouvernements et le secteur privé responsables des actions sur les ODD. Du renforcement de l’action communautaire (1986) à l’engagement et les actions de la société civile (2016)
4) Acquérir des aptitudes individuelles – Au fil des ans, cela a inclus l’éducation individuelle, les communications et la littératie en santé. Nous savons que, pour réussir à long terme, ces stratégies doivent être associées à des stratégies de promotion de la santé. Les gens ont besoin d’accès à la littératie en matière d’engagement civique, des déterminants sociaux de la santé et de l’équité. Grâce à l’évolution des médias sociaux, nous pouvons nous connecter et encourager l’engagement des personnes pour renforcer les communautés, la littératie individuelle et la résilience. De l’acquisition d’aptitudes individuelles (1986) à la littératie médiatique et en santé (2016)
5) Réorienter les services de santé – En 1986, nous avons affirmé devoir « réorienter les services de santé », et cela reste une priorité. Il demeure nécessaire de reconnaître l’importance de la santé publique et de la promotion de la santé dans les services de santé de première ligne pour favoriser la santé de tous et réduire les inégalités en santé dans tous les pays. Nous savons également que tous les services à la personne (comme la justice, les services sociaux et l’éducation), les institutions publiques et les secteurs privés doivent changer leur façon de collaborer entre eux et avec la population étant donné leur lien avec la santé. De la réorientation des services de santé (1986) à la création d’un système de services de santé et à la personne (2016)
Appel à l’action pour l’avancement de la promotion de la santé à l’ère des ODD :
La promotion de la santé est essentielle à la réalisation des ODD par les actions suivantes:
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Tous les niveaux de gouvernement doivent mettre en œuvre une collaboration intersectorielle, et favoriser une intégration horizontale et verticale des politiques dans tous les secteurs et juridictions.
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Les gouvernements doivent investir de nouvelles ressources dans la promotion de la santé, la société civile et les communautés pour renforcer leur capacité d’engagement et d’action.
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Les organisations de la société civile travaillent ensemble pour tenir les gouvernements responsables des actions sur les ODD.
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Les gouvernements avec le soutien de l’OMS, doivent créer des milieux favorisant la collaboration intersectorielle avec les communautés et les OSC qui inclut le savoir des peuples autochtones ainsi que le savoir traditionnel et local.
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Les états membres de l’ONU en collaboration avec les OSC doivent développer un traité mondial sur la santé pour réduire les inégalités.
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Les promoteurs de la santé devraient utiliser cette déclaration comme base pour leurs pratiques.
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L’OMS, en collaboration avec d’autres agences de l’ONU doit focaliser son attention et ses ressources afin de s’assurer que les stratégies efficaces en promotion de la santé soient bien connues et soient appliquées. Qu’elles soient partie intégrante du processus de décisions au sein de l’OMS; qu’il s’agisse de planification, d’affectation des ressources ou de formation des professionnels de la santé, afin que ces compétences soient accessibles dans tous les pays, tant au niveau local que nationale.
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L’OMS et les gouvernements à tous les niveaux doivent investir dans la recherche, l’évaluation et l’échange de connaissances — en incluant les peuples autochtones et le savoir traditionnel, sur l’efficacité de la mise en œuvre de stratégies de promotion de la santé à plusieurs échelons et en engageant la société civile en vue de concrétiser les ODD.